Claude Babey est directeur outils clients chez Gastroconsult. Il nous livre ses conseils et ses constats en matière de digitalisation
Quel est votre point de vue sur la situation de notre branche: la digitalisation s’est-elle généralisée?
Claude Babey: Il faut tout d’abord de se poser la question: qu’est-ce que la digitalisation? C’est le fait de traiter une information de manière électronique ou informatique, sans document physique. La digitalisation est déjà pratiquée depuis de nombreuses années, par exemple pour les paiements par e-banking. Dans la restauration, la seule règle est qu’il n’y en a pas! En effet, on constate qu’il n’y a pas d’uniformité chez les établissements avec qui nous travaillons: certains patrons se sont adaptés et sont à la pointe au niveau numérique et d’autres, même jeunes, ne s’y intéressent pas et ne font pas friands des nouveaux outils. Au fond, c’est plus une question de sensibilité personnelle que de génération. Cela dit, les établissements d’une certaine taille sont souvent mieux équipés et «à la page» au niveau numérique.
En guise de comparaison par rapport à la situation il y a quelques années, comment le pourcentage d’établissements travaillant avec des outils numériques a-t-il évolué?
Nous n’avons pas de statistiques précises, mais nous observons une tendance en nette hausse vers l’utilisation d’outils informatiques. Prenons l’exemple de la saisie comptable: il y a une trentaine d’années, les restaurateurs ne se posaient pas la question, tenaient des
livres de comptes et envoyaient le tout à leur fiduciaire. Aujourd’hui, il existe une multitude d’outils qui permettent au restaurateur de faire lui-même la pré-saisie comptable ou préparer des fiches salaire. Les patrons qui tiennent un livre de caisse sur papier, ça ne se
voit presque plus. Comptabilité, salaires, contrôle du temps de travail, gestion des créances sont des tâches qui se sont largement digitalisées.
Quels sont les problèmes que rencontrent les professionnels de la branche avec les outils numériques?
On voit parfois des restaurateurs très motivés à s’équiper, mais qui – faute de temps ou de connaissances – ne rendent malheureusement pas cet investissement très profitable. Un restaurateur doit aussi aimer ce travail de gestion, sinon un manque de rigueur se
fera ressentir et la qualité des données ne sera pas au rendez-vous. Quand ce n’est pas le manque d’intérêt qui pose problème, c’est le manque de connaissances. Dans l’Arc jurassien, je vois une différence entre les gérants qui ont suivi un cours de cafetier et ont un minimum
de connaissances, par rapport à d’autres qui n’ont aucune formation, dès lors qu’il n’y a plus d’obligation. Dans ces cas-là, il y aura une marche supplémentaire à franchir pour gérer l’établissement et mettre en place une digitalisation de qualité. Pour rappel, la machine
va exécuter ce qu’on lui demande de faire, ce qui nécessite de maîtriser tout le processus.
Quels sont les aspects du métier qui doivent impérativement être digitalisés aujourd’hui?
Le numérique se retrouve dans toutes les étapes de la gestion d’une entreprise. Ce que je constate avec cette crise, c’est que les établissements qui ont un site web à jour et qui sont bien présents sur les réseaux ont mieux su tirer leur épingle du jeu, en faisant la promotion
de leurs plats à l’emporter par exemple. Le marketing pour se positionner sur le marché, la gestion des réservations ou encore les modes de paiement étaient déjà largement digitalisés avant la crise. Pour une entreprise dès trois ou quatre employés, je dirais que trois tâches clés devraient être réalisées par voie numérique: la gestion des salaires, la gestion des horaires de travail et bien sûr la comptabilité. Ceci avant tout pour gagner du temps et ainsi être davantage présent auprès de ses clients, mais aussi pour mieux maîtriser ses coûts. Ensuite, les outils permettent de digitaliser le reste de la gestion de l’entreprise: créanciers ou encore débiteurs. Le tout sans forcément tout garder sur papier: la digitalisation est là, maintenant, ce n’est pas de la science-fiction!
En quoi le coronavirus a-t-il changé la donne?
Je pense que la crise a dopé le marketing digital, dont la présence sur les réseaux sociaux. Elle a poussé à mieux se promouvoir avec les médias électroniques, pour des questions de coût et de réactivité (les mesures changent régulièrement). En ce qui concerne le fonctionnement interne d’une entreprise, je ne constate pas que le coronavirus a poussé les entrepreneurs à utiliser d’autres méthodes de travail. Il a peut-être provoqué des remises en question durant les périodes de fermeture, mais pas de révolution.
Plusieurs aspects du métier sont facilités par la digitalisation. Quels sont les outils que vous conseillez?
En ce qui concerne la planification et le contrôle du temps de travail, nous recommandons GastroTime, très fonctionnel, souple et à la portée de tous. La base de données est centralisée, ce qui permet de travailler depuis n’importe où. Pour la gestion des salaires, les applications salaires de GastroSocial fonctionnent très bien. Nous travaillons activement avec les produits Abacus (comptabilité, salaires, créanciers, etc). Abacus a notamment initié www.swiss21.org pour passer à la vitesse supérieure en matière de digitalisation. Enfin, GastroFix est une caisse enregistreuse pleinement digitale, elle peut être intégrée à la comptabilité tenue avec Abacus.
Quels sont vos conseils pour nos lecteurs?
Tout ce qui brille n’est pas de l’or! C’est aussi dans ce cas que l’appui de Gastroconsult est pertinent: nous avons l’expérience de certains produits. Nous proposons des solutions solides en fonction des besoins et de la taille de l’entreprise.